et voici pour le tour de coup
Les Croates de Louis XIII
A la fin du XVIème siècle, on parle déjà de "cravata" pour désigner le focalium romain. Mais ce sont les mercenaires croates de Louis XIII qui font réellement renaître cette pièce de tissu. Ces Croates arrivent en France vers 1635, en pleine Guerre de Trente Ans, alors que le pays affronte la puissante Autriche.
Les nobles français, qui portent alors de grosses fraises qui demandent beaucoup d'entretien et sont peu pratiques au combat, copient vite ces élégants soldats croates. Mais la cravate à la française change de vocation : au lieu de protéger du froid, elle sert désormais à afficher sa richesse et son pouvoir.
Ainsi, le petit soldat porte une simple cravate de lin, alors que les grands seigneurs arborent de grosses cravates bouffantes en dentelle ou en soie. Louis XIV possède même son "cravatier", chargé de l'entretien et de l'enrichissement la collection royale.
Steinkerkes, stocks et solitaires
A la fin du XVIIème siècle, pourtant, les cravates se font de plus en plus sobres, comme les cols des costumes de Cour. C'est à cette époque également que rentre d'exil le roi d'Angleterre Charles II ; la mode de la cravate gagne alors le Royaume-Uni, qui préfère lui aussi les formes les plus sobres.
Lors de la bataille de Steinkerke, en 1692, les soldats, qui devaient porter des cravates très sophistiquées, n'ont pas le temps de les arranger correctement et les nouent simplement autour du cou. Tout de suite, apparaît une nouvelle cravate, la steinkerke, à noeud simple, qui est également portée par certaines femmes et dont on place l'un des pans dans la sixième boutonnière de sa veste.
A la fin du règne de Louis XIV, en 1715, la steinkerke disparaît au profit du stock, simple carré de mousseline blanche serré autour du cou. Trop serré, même, car il bloquait la respiration et empêchait de tourner la tête. La jabot complète généralement le stock.